Cette année, l’interview a eu lieu le 8/10/2022, deux semaines après la fermeture du parc (le 25 septembre 2022). Un grand merci à Patrice Fleurent pour ses réponses et aux différents parconautes m’ayant soufflé quelques questions lors de la préparation de cette interview annuelle. Bonne lecture.
Fraips’fan : Bonjour, merci de nous accueillir pour cette interview 2022. Comme tous les ans, nous avons collecté quelques questions qui porteront sur la saison 2022, sur les projets en cours et le futur du parc.
Quel est le bilan de cette saison 2022 ?
Patrice Fleurent : Un bon bilan. C’est un bilan rassurant, après deux années bien tristes et calmes en fréquentation du fait de saisons raccourcies. La question était de savoir ; est-ce que les gens allaient retrouver le chemin des parcs et surtout, avaient-ils l’envie de revenir se divertir dans les parcs ? Aujourd’hui, on a la réponse puisqu’on a retrouvé nos chiffres de 2019 (ndlr 280 000 visiteurs) avec une belle progression d’avril à juin, un peu limitée en juillet/août du fait de la chaleur excessive et totalement ralentie sur les quatre week-ends de septembre à cause du mauvais temps. Mais globalement, c’était une bonne saison. Les gens se sont fait plaisir à l’intérieur du parc avec ce qu’on appelle les extras (boutiques, restaurants, jeux d’adresse, maquillages, photos …) Pour moi c’est une belle saison.
Quels sont les retours des collègues des autres parcs en France ?
Je pense que dans l’ensemble, tous les parcs ont bien traversé la période covid avec un retour aux chiffres de 2019, voire de belles progressions. Pour les collègues de l’est, on est un peu plus modérés, mais avec ce retour aux chiffres de 2019.
Les résultats de cette année ont-ils permis d’effacer ceux de l’année 2020/2021 ?
En fait, il n’y aura aucune bonne saison qui pourra effacer ça. J’ai tendance à dire qu’on a tourné pendant 2 ans à 50%, mais on a aussi tourné avec moins de personnel. On a clairement perdu du temps, on a perdu de l’argent évidemment, mais il y a eu les projets de soutiens mis en place comme le report des prêts. C’est bien mais ça bloque évidemment le plan de développement et puis le PGE qui a été mis en place qu’on a tous pris sans doute, qu’il faut aujourd’hui rembourser. On n’effacera pas le manque à gagner, simplement, on ralentit la progression du développement du parc.
Quelles ont été les plus grandes difficultés rencontrées cette saison 2022 ?
La grande difficulté c’était déjà d’ouvrir le 9 avril, on n’avait plus l’habitude ! Après deux années où on a ouvert mi-juillet, c’était un choc pour nous. (rires) Non, la grande difficulté pendant la saison, ça a été les grosses chaleurs. Principalement pour les saisonniers et opérateurs. La mécanique n’a pas trop souffert, à l’exception de Timber Drop et de sa roue. On n’a pas eu de panne bloquant un manège très longtemps.
On a quand même les Sombreros qui n’ont tournés qu’aux 3/4 de leur capacité puisqu’un chapeau ne tournait pas du fait qu’on attendait un moteur qui vient seulement d’arriver. Sur le déroulement de la saison, il y a eu aussi des difficultés pour la restauration avec les restrictions qu’il y a pu avoir sur l’huile, la farine ou encore la moutarde. Mais on a réussi à faire la saison. Au niveau du personnel, je pense que comme dans tous les parcs, on était un peu tendu sur certains secteurs. On a un peu de mal à trouver autant de saisonniers qu’avant le covid, mais on sait que c’est un symptôme général qu’ont beaucoup de mes collègues de parcs et beaucoup de secteurs d’activité.
Est-ce que les saisonniers arrivent à gérer les journées de forte affluence ?
En fait, nous n’avons pas eu réellement de journée de très forte affluence contrairement à certaines saisons puisqu’on a eu un été où il faisait beau et très chaud tous les jours. On a très rarement affiché complet sur nos parkings, peut-être deux ou trois fois et c’était complet de quelques voitures.
Là, on est resté dans la barre des 4000/5000 visiteurs pour les grosses journées. On a tout de même une grosse flotte de saisonniers qui nous permet de faire la rotation. Quand il faisait très chaud, on reportait les tâches habituellement effectuées le soir au lendemain matin pour profiter de la fraîcheur.
Certains saisonniers nous ont lâché en cours de route préférant prendre des vacances en août, mais on a beaucoup de saisonniers qui nous ont accompagnés jusqu’aux derniers week-ends de septembre et on les remercie. On a eu une belle équipe.
Le parc a également connu cet été deux événements médiatisés dont une évacuation sur Timber Drop et le décès d’un visiteur dans les allées du parc. Comment cela a-t-il été vécu en interne ?
Ce qui est assez bizarre, c’est que pour nous, l’arrêt de Timber Drop était quelque chose d’assez « bénin ». Même si c’est heureusement très rare, le fait qu’une roue puisse se détériorer sur une attraction n’est pas quelque chose de particulièrement inquiétant et qui ne remet pas en cause la sécurité des visiteurs. Pour Timber Drop, on sait pertinemment qu’il y a un endroit plus embêtant en cas d’évacuation, et c’est ce virage vers l’extérieur. À cet endroit, les roues ont des contraintes un peu complexes et quand le rail est à 55° ou plus quand il fait plus de 35° à l’extérieur pendant une longue période, l’effet de chaleur fait son œuvre. Nous n’avons pas de système de refroidissement dans les gares, comme certains parcs peuvent l’avoir dans certains pays très chauds, qui pose également des problèmes de corrosion ou de choses comme ça.
Malgré nos vérifications journalières, il y a la mauvaise surprise du garnissage des roues qui se décolle. C’est justement pour cela que nous avions fait une manœuvre avec le SMPM et les pompiers de Rambervillers en mars dernier. On avait identifié cet endroit difficile d’accès, localisé où mettre le camion nacelle. Tout ça a été très médiatisé comme il ne se passe pas grand-chose à Fraispertuis City. Forcément, une intervention des pompiers fait parler.
On est plus peiné par ce monsieur qui a fait un arrêt cardiaque deux jours après. C’est la première fois que l’on fait venir les pompiers pour évacuer et c’est la première fois qu’une personne décède d’un arrêt cardiaque sur le parc. Les équipes du parc ont fait le maximum de ce qu’elles pouvaient faire. Le SMUR étant à 25 minutes du parc, c’est compliqué. On essaie de trouver avec eux des solutions pour avoir sur place des choses dont on peut se servir avec leur accord, mais qui permettrait de gagner encore un peu de temps avant leur arrivée sur site. Évidemment, on a déjà sur place du matériel (oxygène, défibrillateurs, pare-vue), du personnel secouriste formé, mais on cherche à s’améliorer sans cesse. Même pour avoir
travaillé avec les professionnels du SMUR, ils en conviennent que le parc est très bien équipé, mais qu’effectivement, la loi nous interdit d’avoir certains médicaments qui nous bloquent. On est en discussion avec eux et notamment avec quelqu’un de très bien au SMUR qui
travaille avec notre équipe de secouristes et qui a justement compris qu’il pouvait être intéressant de nous faire des ordonnances. Des ordonnances sur des choses que l’on pourrait administrer à quelqu’un en situation de détresse avec leur accord de manière à gagner ces 10/15 minutes entre notre intervention et leur arrivée sur site. Pour nous, c’est aussi un gros progrès.
Pour revenir à des choses plus joyeuses, le parc a ouvert cette année une nouvelle attraction (les Draisines) et a rouvert le Derby. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces choix et les retours après cette première année d’exploitation ?
Déjà, il y avait le challenge de retrouver quelque chose pour remplacer les Bumpers qui était une attraction relativement populaire pour une partie de nos visiteurs. Tout du moins pour ceux qui pouvaient en profiter et avoir aussi une attraction qui puisse répondre aux critères d’une vraie nouveauté, avec une sensation différente sur la place qui était disponible. Le modèle XL était un bon choix à mon avis parce qu’il permettait d’avoir un plus gros rayon (donc moins d’effet de tournis) et l’élévation était assez fun. Beaucoup de gens m’ont dit que c’était assez surprenant, que ça avait l’air calme et qu’en fait, ça procurait un bon effet fun. Moi, quand je regarde la file d’attente et qu’elle est remplie jusqu’à la fermeture, c’est que l’attraction plaît. De plus, elle a eu des honneurs pour ce qu’a fait Technical Park au niveau de la théma. Ce sont toujours des petits plus qui font que Fraispertuis-City créé la différence avec une attraction qui existait déjà depuis pas mal de temps dans beaucoup de parcs. Elle n’était pas beaucoup remarquée et le fait que Technical Park la fasse plus grosse, plus importante, a créé une différence. C’est une attraction un plus importante avec un très bon débit de 600 personnes/heure. Je pense qu’aujourd’hui, peu de gens regrettent les Bumpers et la crise actuelle de l’énergie et du réchauffement climatique conforte notre choix.
Pour le retour du Derby, on en a rêvé, ils l’ont fait ! Il était depuis mars 2020 dans ses caisses en bois ! On était content de le voir monté. Il a fait la satisfaction des visiteurs. Très familial, bien placé, très fun. On est très content.
En parlant de la crise énergétique, sachant que le poste « électricité » doit être l’un des plus importants, comment le parc voit-il les choses ?
Pour l’instant, on ne s’en sort pas trop mal puisque le parc a fermé fin septembre. Les augmentations, on ne les subit pas encore puisqu’on avait signé un accord avec les prix fixes au mois de décembre l’année dernière. On a encore deux années avec le même tarif et n’étant pas ouvert aux périodes froides, à part les bureaux, le reste des bâtiments n’est pas chauffé ou mis en hors gel pour éviter l’humidité.
Les ateliers sont équipés de lampes leds, ils sont isolés. Il faut vraiment qu’il fasse très froid pour qu’on allume le chauffage. Donc pour l’instant, les coûts d’électricité ne sont pas trop impactant. Comme on ne travaille que l’été, on tombe à une période où le courant est plus disponible. Et comme il ne peut pas se stocker, que beaucoup d’entreprises sont à l’arrêt à cette période, on a un courant qui est assez compétitif mais on ne se leurre pas, ça va quand même augmenter.
Ce qui nous fait le plus peur, c’est qu’on va attaquer les chantiers d’hiver et les matériaux (béton, bois, acier) augmentent également de façon déraisonnable. Le fait est que ça ne facilite pas les chantiers qu’on a prévu cet hiver.
De nombreux parcs installent sur leur parking des ombrières photovoltaïques. Fraispertuis-City pourrait-il s’équiper de ce type d’installations ?
C’est-à-dire qu’on a déjà été démarché par des entreprises qui n’étaient pas venues sur site pour les parkings. Mais pour les mêmes raisons qu’on ne fait pas Halloween, une grande partie de nos parkings serait trop à l’ombre une grosse période de l’année et la rentabilité n’y serait pas. Dans ces opérations, bien souvent, ce n’est pas le parc qui investit. Le promoteur cherche aussi une certaine rentabilité. En plus, comme on sait qu’on est toujours en train de bouger nos parkings et de les étendre, je ne me lancerai pas dans un projet qui me condamne pendant 10 ou 15 ans à ne pas pouvoir y toucher. Donc, il n’y a pas de projet là.
Après, sur les attractions elles-mêmes, on n’a pas non plus de projet. Il y a des attractions qui sont consommatrices d’énergie comme Timber Drop ou Golden Driller car tout est électrique.
Après en carburant, seuls les deux trains qui font le tour du parc tournent au carburant, mais la consommation est assez limitée puisque ce ne sont pas de gros moteurs. Ça ne va pas très vite. Je ne suis pas sûr que mettre ces trains sur batterie électrique soit très rentable.
Ce qui est certain, c’est qu’on va s’équiper de bornes électriques de rechargement rapide puisque pour l’instant, on a uniquement des bornes de recharge domestiques et on a de plus en plus de demandes avec de plus en plus de voitures. C’est un service que l’on doit proposer. C’est une consommation qui sort de nos transformateurs. On a encore une capacité électrique mais il ne faudrait pas que demain, les voitures prennent l’énergie nécessaire pour les attractions.
Où en sont les projets d’extension ?
Ceux qui sont venus cette année ont vu une amélioration au niveau du parking 4 (côté Saint-Dié-des-Vosges). Nous avons fait un merlon où on a planté 80 arbres. Malheureusement, il y a peut-être 40% qu’il va falloir remplacer puisqu’avec les interdictions d’arroser, ça n’a pas tenu. On a même de belles pièces de séquoias près de Timber Drop qui ne sont pas au top. Pour les parkings, on a pu refaire une grande place là où on a évacué les gravats qui étaient en attente pour les extensions de parking. On est toujours en discussion avec l’administration. Nous sommes en train de déterminer si ces terrains sont des zones humides ou non. Voir quelles mesures compensatoires peuvent être mises en place. Tout ça est en discussion.
Mais cette année, les parkings ne nous ont pas fait défaut. On pense plus à l’avenir car qui dit extension du parc, dit extension des parkings.
Le parc a annoncé vouloir investir dans une attraction majeure dans les années à venir. Est-ce que cela signifie qu’il n’y aura pas d’investissement en 2023 ?
Alors ça en fait, ça a été une mauvaise interprétation ou une mauvaise façon de m’exprimer. On revient sur une ancienne interview. J’expliquais que dans les parcs d’attractions, il y a des étapes palières. On le voit partout, pas que à Fraispertuis City. On fait des paliers de nombres de visiteurs à chaque fois que l’on apporte une attraction d’envergure. Que ce soit Nigloland avec Alpina Blitz ou Krampus, que ce soit le PAL avec Yukon Quad. Je veux dire par là que c’est comme ça pour tous les parcs et Fraispertuis City dans son histoire. L’évolution de la fréquentation a connu des hausses avec l’arrivée du TGV, du Flum, le Grand Canyon, Pirate Attack, Timber Drop et Golden Driller (qui a fait un peu moins que ce qu’on pouvait prévoir) mais qui continue à faire parler de lui puisqu’il a encore été récompensé cette année et a permis d’apporter une nouvelle clientèle. Il a fait augmenter l’attente au Cactus. Avant son arrivée, il avait toujours une file d’attente modérée et depuis Golden Driller, il faut presque être deux opérateurs pour bien faire avancer la file d’attente.
J’avais dit que la prochaine attraction dans l’idéal serait un beau coaster, pas une folie, mais quelque chose qui va bien. Quand on regarde les échéanciers des différentes attractions que j’ai cité, on se trouve en moyenne avec 5/6 ans de delta à chaque fois. (À savoir que Golden Driller a ouvert en 2017). Si on met 5/6 ans derrière 2017, en prenant en compte les années Covid qui ont ralenti les projets, on arrive vers 2025. Après, il faut être conscient aussi qu’il y a des paramètres qui se sont ajoutés entre temps et qui peuvent perturber ce genre de projet comme l’augmentation du prix de l’acier qui est énorme. On se demande « Est-ce qu’il va baisser ? Est-ce qu’il faut attendre 30 ans qu’il baisse ? Peut-être qu’il va revenir à une situation plus raisonnable ? » Il vaut mieux peut-être attendre une année de plus et avoir 150 ou 200 m de rails supplémentaires que de le vouloir absolument pour 2024 ou 2025 et avoir un truc qui fait 420 m quand il aurait pu faire 550 m ou 600 m, ce qui est beaucoup plus intéressant. C’est tout ça qu’il faut prendre en compte et donc, de ce fait, on peut difficilement dire qu’on va attendre 2024/2025/2026 sans nouveauté. Forcément, il y a des attractions qu’on a ajouté comme les Draisines pour remplacer les Bumpers mais c’est aussi pour avoir des attractions avec de bonnes capacités. Donc on pense continuer à investir dans des attractions qui, certes, demandent de l’investissement puisque pour les Draisines, on est à 900 000€ de budget.
Comme nos visiteurs reviennent chaque année, c’est bien aussi de proposer du nouveau. Même si ça venait en remplacement d’un autre manège qui ne plaisait pas forcément à tous. Avec un débit de 100 ou 120 personnes/heure, tout le monde n’allait pas dessus (ndlr : les Bumpers) alors que là avec 600 personnes/heure, ceux qui ne vont pas dessus, c’est qu’ils ne veulent pas y aller.
Est-ce que pour 2023 il y a déjà des pistes ?
On est en pleine réflexion car il y a les Sombreros qui a tourné aux trois-quarts de sa capacité. On a reçu tardivement le moteur qui nous manquait. L’attraction demande une grosse remise en état car on sait que c’est une attraction qui nous demande de l’attention tous les ans. Assez exceptionnellement cette année, elle n’est pas tombée en panne et a fonctionné jusqu’au dernier dimanche mais d’habitude, c’est à la mi-août qu’elle nous lâche pour la fin de saison. Sans doute qu’elle a senti la menace sur elle, on l’avait prévenu ! (rires) On est en pleine recherche. Il faut trouver quelque chose qui puisse remplacer, qui plaise aux visiteurs, qui soit au moins aussi attrayante et qui aille le mieux possible en lieu et place. On est sur 15m de diamètre, donc le coaster n’ira clairement pas là. La deuxième chose, ce sont les délais parce que les parcs ont tous bien travaillé cette année et ont sans doute tous envie d’investir. Les délais des constructeurs entre les approvisionnements pour leurs pièces complexes et la demande sont donc sans doute plus longs. Les draisines par exemple ont attendu une pièce majeure. L’attraction était prête fin mars, mais n’a pu être livrée qu’au mois de mai parce qu’on attendait la pièce capitale qui était en commande depuis le mois de septembre, même avant que la commande soit passée. Avec tout ça, il faut qu’on décide rapidement pour espérer avoir cette nouveauté au moins avant la haute saison.
Pour le projet de coaster, est-ce que l’emplacement et le type de coaster / constructeur sont déjà définis ?
J’ai tendance à dire aucun. On consulte tout le monde, enfin, on est consulté par beaucoup de monde. Pour l’emplacement, je pense qu’il faut quand même que ça ne soit pas mis n’importe comment. Il faut que cela soit mis dans un plan de développement pour ne pas se bloquer d’un côté. On pense aussi à nos caisses d’entrée en bord de route qui pourraient aussi être déplacées pour des raisons de sécurité. Il y a un master plan à voir à long terme d’où l’importance de mes négociations avec l’administration à propos des terrains du parc. L’idée est aussi de pouvoir déplacer les ateliers de menuiserie qui sont aujourd’hui entre Timber Drop et les Santiags pour les mettre tout au fond du parking 4. Tout ça demande à rebouger des bâtiments. Un coaster ne se fait pas non plus en une saison donc ça passera par une réflexion plus globale. Avant Covid il était également question du retour de la mine d’or. On a depuis cru comprendre que ce n’était plus un projet prioritaire. Est-ce que pour autant le projet est abandonné ?
Effectivement il était question de ce dark ride dans le master plan à trois ans qu’on avait établi avant le covid. On avait prévu 3 manèges enfants/famille en 2020, le dark ride en 2021 et le coaster après.
Depuis, on s’est dit que l’attraction qui pourrait réellement rebooster le nombre de visiteurs devrait être un coaster. On a vu dans l’étude du dark ride, à l’endroit en lieu et place de la mine d’or qu’il y avait des contraintes qui feraient qu’au niveau du coût, ce serait très élevé et complexe au niveau de l’accessibilité par exemple. Le covid nous a appris que ce genre d’attraction doit être ventilée, aérée, avec une bonne filtration de l’air au cas où nous retrouvions une situation similaire à ce que nous avons connu. La preuve c’est qu’aujourd’hui, nous sommes le 8 octobre 2022 et dans les Vosges, je crois que le plan blanc est à nouveau de vigueur. Soyons prudents.
En fin de compte, c’est un peu comme l’histoire du coaster, est-ce qu’il faut absolument vouloir mettre le dark ride dans la mine avec une plus-value importante liée aux contraintes de cet espace (accès PMR, espace limité, …) ou construire un nouveau bâtiment avec un dark ride à l’intérieur qui n’aura probablement plus le thème de la mine d’or, mais qui peut être sur le far west ou sur les pirates ? Donc ce n’est pas totalement abandonné, d’autant plus qu’il y a de très bonnes idées qui peuvent être développées. On connaît mon attachement à cette idée d’un « small world » western qui pourrait être un mix entre dark ride traditionnel et interactif. Pas que des écrans où on tire dessus. Ce n’est pas abandonné mais ce n’est pas non plus prioritaire.
L’emplacement de la mine d’or reste précieux pour Fraispertuis City qui manque de place. Le parc a-t-il une idée pour cet espace ?
Tout à fait, l’emplacement reste à exploiter. On a peut-être une piste.
Est-ce que le projet du futur bâtiment administratif est toujours d’actualité ?
Oui, alors ça plus que jamais. Pour moi l’idéal, c’est le plus tôt sera le mieux. Peut-être qu’on risque même de l’avoir en cours de saison. Il va falloir qu’on fasse une transition entre l’ancien bâtiment et le nouveau. Certaines choses prendront un peu plus de temps. Il y a urgence parce qu’on passe par des systèmes de conteneurs modulaires pas très fonctionnels. On commence aussi à faire un peu de séminaires. Quand le parc est fermé, ça va, mais on en a besoin aussi pour la formation des salariés. Pour ce bâtiment, il y a aussi des besoins de stockage puisque les prestataires qui livraient
tous les jours sans problème vont plutôt essayer de livrer tous les 2 ou 3 jours à présent. Nous sommes obligés d’avoir une capacité de stockage, ce qu’on a fait cette année avec la location de chambres froides. Les plans sont sur la table à dessin.
Est-ce que certaines attractions pourraient voir leur thème modifié, amélioré ?
On sait par exemple qu’il y a les casiers pour les sacs aux draisines qu’il faut finir. On pensait au départ les faire en bois, mais finalement je vois plus quelque chose d’industriel en métal. Sur Pirate Attack aussi, on va retravailler un truc pour mettre les sacs. Sinon non, rien de particulier.
Est-ce des groupes de musiques ou des spectacles pourraient revenir sur la scène du Billy’s Show ?
Alors ça, c’est le contentieux Fraispertuis-City/SACEM. Bizarrement, la SACEM a une politique différente d’un parc à l’autre. J’ai des collègues qui ne paient pas de SACEM et qui ne paient pas de SPRE, j’en ai d’autres qui paient un peu de SACEM et pas de SPRE et il y a Fraispertuis-City qui paie tout. Et donc malheureusement, je suis un peu en conflit avec eux. On a commencé à aménager une partie du parc en enceintes (zone du Flum) et aujourd’hui on a encore en stock une cinquantaine de diffuseurs dans les cartons puisqu’ils sont arrivés tardivement. On va certainement devoir passer sur de la musique libre de droit ou des créations faites pour le parc, comme on l’a fait avec Imascore pour Golden Driller. Probablement pour les attractions principales comme Timber Drop et une musique plus générale pour le reste du parc et que l’ensemble soit géré à un seul et même endroit. J’espère que tout ça va continuer à être mis en place. C’est beaucoup de boulot.
Le problème c’est que si je fais rentrer un groupe de musique, je me retrouve dans d’autres catégories. Les groupes qui venaient comme les Texas Sidestep ou les Woodys faisaient de belles prestations, mais cette politique amène au fait qu’on ne les fait plus venir, eux jouent moins, ça les désavantage alors que cela devrait être un système qui soutient les artistes. Quand on planifiait un concert, on ne communiquait pas beaucoup dessus, on ne demandait pas de supplément. Eux communiquaient les dates à leur communauté, mais on a même organisé un système de remise pour les danseurs. Bref, on n’avait pas grand-chose à y gagner alors qu’en même temps, la SACEM devenait complètement déraisonnable avec une taxation appliquée au chiffre d’affaires sur toute l’année, comme si mon métier était d’être une salle de concert.
L’idée serait déjà à mon avis d’améliorer l’apparition des mascottes pour donner un moment de joie aux enfants et aux familles. Il faut dire qu’après deux ans où elles sont restées assez statiques, sans pouvoir avoir de contacts et cette année avec les fortes chaleurs, ce n’est vraiment pas une tâche facile. On devrait pouvoir trouver une animation, peut-être avec les enfants qui montent sur la scène pour dynamiser tout ça, mais pas de groupes de musiques, sauf si la SACEM accepte de revoir sa copie et d’adapter ses tarifs au nombre de prestations réelles. Quand un groupe joue de la musique, on coupe celle diffusée dans ce secteur du parc, donc avec ou sans groupe, on a du mal à voir une variation si importante.
Est-ce qu’un nouveau jeu mobile, comme l’a été Mission Fraispertuis City, pourrait venir ?
À mon sens non.
Et une application parc ?
Ça c’est plus possible, c’est sans doute un moyen de limiter les impressions papier. La question des QR code s’est posée pour les menus des restaurants. La version numérique nous laisse la possibilité d’ajuster les informations, les prix, ce genre de choses. Et quelqu’un qui gère bien ça pourrait sans doute nous aider à développer des opportunités commerciales en mettant en avant les produits frais à vendre (comme les brochettes de fruits). C’est un exemple, mais il y a quelque chose à faire je pense. Je ne suis pas un pro des réseaux sociaux et des applis, mais c’est à étudier.
Ce genre d’application, c’est aussi souvent l’occasion dans certains parcs d’annoncer des temps d’attente. Est-ce que c’est quelque chose qui est demandé à Fraispertuis City ?
J’ai tendance à dire pas trop. Je ne pense pas qu’ils demandent ça, ils peuvent vouloir ces infos sur les grosses attractions. Or, on sait très bien que les attentes ne sont jamais très longues et ils évaluent assez vite la longueur de la file. On pourrait avoir un peu plus de panneaux, mais c’est compliqué parce que ça dépend du chargement, du nombre de véhicules sur le circuit, de la rapidité des opérateurs, etc.
Aujourd’hui, on est en train de refaire les tableaux de contrôle du Grand Canyon et j’ai demandé de rajouter des compteurs horaires et combien il y a eu d’envois. Ça donne une idée pour mieux connaître la moyenne et voir si les équipes sont dans le bon rythme sur les grosses journées. Sur Timber Drop, on sait aussi que quand la file atteint une certaine limite, on ajoute le quatrième train. On sait maintenant quel débit on peut atteindre avec tel ou tel nombre de trains. Mais c’est complexe parce que ça peut vite être faussé par un ralentissement quelconque de la part d’un opérateur, d’un visiteur, d’une petite panne ou d’un arrêt station. Donc c’est assez complexe parce que donner les temps d’attente nous oblige à donner une info juste.
On est en pleine période d’Halloween pour de nombreux parcs.
À Fraispertuis City, toujours pas la moindre hésitation sur une ouverture à cette période ?
Non. Toujours pas et toujours pour les mêmes raisons. Le réchauffement climatique fera peut-être que l’on aura encore du soleil au fond du parc à cette période de l’année, mais malgré qu’on ait eu une semaine superbe voire presque très chaude, on a déjà des zones qui restent très humides, toujours à l’ombre.
Il y a d’autres parcs qui font ça très bien, on va les laisser faire. Le PAL est plutôt bien exposé et ne le fait toujours pas. Je ne dis pas qu’ils ne le feront pas, mais on n’est pas les seuls à ne pas s’y lancer. La clientèle d’Halloween n’est pas non plus tout à fait la même qu’en été.
Un grand merci d’avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions. Bon hivernage !
Merci à vous pour vos questions.
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